Le Pape Clément XV

Né dans un petit village de Moselle, Béchy, près de Metz, Michel Collin a fait ses études au séminaire de Metz avant de les poursuivre à la faculté de Lille, où il a été ordonné prêtre le 9 juillet 1933, par le cardinal Liénart.

Tout d’abord professeur dans le Nord, il fut curé de Loubillé quelques années avant la guerre de 39-45.

Avant la guerre, il s’était occupé des J.A.C.( Jeunesses Agricoles Catholiques), mais il fonda ensuite de nombreux groupements ou associations qui dénotaient chez lui un certain mysticisme. Il fut réduit à l’état laïc par l‘Eglise catholique, le 17 mai 1951, en raison de son comportement d’illuminé.

Il poursuivit néanmoins ses activités intempestives, accompagné de son groupe de fidèles, à Paris, à l’Arc de Triomphe et sous la Tour Eiffel, ainsi qu’en Italie. Enfin, il se proclama Pape et prit le nom de Clément XV.

C’est à Clémery, en Meurthe et Moselle, qu’il organisa « son Vatican ». Il portait toujours la soutane blanche. Il recevait beaucoup d’argent de France et du Canada. Le Directeur du Centre des Impôts, ayant voulu mettre le nez dans sa comptabilité fut excommunié… c’était bien mérité !

Michel Collin est décédé le 23 juin 1974.

(D’après le livre de Marcel DANIAUD « L’Histoire de nos villages »)

Les artistes de Loubillé

«Loubillé, village des artistes» n’est pas une appellation usurpée.
En effet, trois artistes renommés sont nés et/ou morts et/ou ont vécu à Loubillé.

  • Marffa la corse, propriétaire d’un cirque ambulant – circulant en Europe de l’ouest – et dompteuse de fauves, a vécu à Loubillé pendant la guerre 39-45
  • Célestin Guérineau, caricaturiste, est né et mort à Loubillé
  • Eléonor Chassino, ombromane s’étant produit aux Etats-Unis et en Amérique du sud, est né et mort à Loubillé

Fière de ses trois artistes, Loubillé a souhaité les honorer à sa manière.

Le visiteur qui arrive à Loubillé ne peut pas ignorer l’affiche à l’entrée du bourg qui reproduit leurs visages.

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Poursuivant sa route, ce visiteur peut s’interroger à propos du graphisme très particulier utilisé pour la signalétique communale.

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En voici l’explication (original dans le hall d’accueil de la mairie) :
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Pour en savoir plus sur les trois artistes de Loubillé, le lecteur intéressé peut consulter à la bibliothèque l’ouvrage que Pascal Baudouin et Patrick Ricard de Villefagnan (16) leur ont consacré. 

 

Un crime aux Maisons Blanches

En 1917, René Pineau, maçon, se marie avec Anne Chartier, beaucoup plus âgée que lui.
Le couple s’installe à Potonnier, hameau de Loubillé. Quelques semaines après leur mariage, René suggère à sa conjointe de lui léguer ses biens en cas de décès. Une fois l’acte signé René change radicalement de comportement. Les sourires cèdent la place aux coups. Très vite la vie d’Anne devient un véritable enfer. Son calvaire dure des années. Les voisins ne s’inquiètent ni des cris de douleur ni des confidences de cette femme battue. Même les agressions publiques ne les inquiètent pas.

En 1923, après un deuxième enfant, Anne meurt dans les bras de sa sœur en râlant : « mon mari m’a donné un bouillon que je n’ai pas trouvé bon. » Son mari dort paisiblement à côté.
Malgré les circonstances étranges du drame, la justice n’ouvre aucune information.

Deux ans plus tard, René courtise Marie Tirant qui possède quelques économies. Malgré les circonstances précédentes, Marie se laisse séduire. Après plusieurs mois, les amants se marient et se font donation mutuelle.
Conforté par les circonstances du premier drame, René se laisse aller à d’innombrables querelles publiques.
Les voisins sont continuellement dérangés par des cris.
Certains se déplacent parfois pour voir ce qui se passe, mais le malin René parvient toujours à sortir de la maison avant leur arrivée.

Vers 1940, une nouvelle scène ponctuée de cris de douleur va enfin faire réagir mesdames Guyenne et Gilard, deux amies de Marie. Elles entrent chez le couple Pineau. Marie est seule, le bras et la bouche en sang. Elle explique que son mari est entré alors qu’elle s’apprêtait à allumer le feu. Lui reprochant de gaspiller l’argent du foyer, il a saisi un bâton et l’a frappée. Quelques heures plus tard, des hurlements s’échappent de nouveau du domicile Pineau

Madame Guyenne s’élance seule cette fois. Elle entre sans frapper. Etendue sur le sol, Marie est en sang. Son mari debout, lui martèle le visage à coups de talon de son sabot ferré. Madame Guyenne crie : « arrêtez, vous allez la tuer. ». L’agresseur lui rétorque : « Oui, je la tuerai ou il faudra qu’elle change ».
Les jours suivants, les cris reprennent. Madame Guyenne ronge son frein. Son mari lui a formellement interdit de s’occuper des affaires des autres.

Lors d’une visite d’André Tirant, frère de Marie, René, sans raison, se lève et frappe sa femme d’un coup de bâton dans les reins et dans l’estomac. André réagit enfin et se décide à prévenir les autorités.

Deux jours plus tard, les époux se séparent, au grand soulagement des autorités qui n’engagent aucune poursuite à l’encontre de l’agresseur.

C’est une défaite pour René. Dans sa stratégie d’enrichissement, il doit la faire revenir. Huit jours après la séparation, il va la chercher chez son frère chez qui elle s’est réfugiée.

Son calvaire reprend. Les autorités ne s’en offusquent pas. Entre décembre 1945 et mars 1946, Marie multiplie les confidences à ses amies : « J’ai bien peur que, dans un temps ou dans un autre, il ne me tue. ».

Le 25 mars 1946, à 9 heures du matin, René part au travail. Il revient deux heures plus tard. Un passant est surpris par des bruits provenant du domicile. Comme aucun cri n’accompagne ce martèlement, il poursuit sa route. A 13 heures 30 René part travailler aux champs. Il revient vers 16 heures. Aussitôt, il ressort de chez lui en hurlant : « Ah ! Mes chers voisins, ma malheureuse femme est morte ! Ma jument l’a tuée ! ».

Une autopsie prouvera que la jument est innocente.

Le suspect est arrêté le 28 mars 1946. Le juge d’instruction René François Rondier enquête auprès des habitants de Loubillé. Les langues enfin se délient.René nie tout en bloc. Face à tant de mauvaise foi, le juge d’instruction s’intéresse alors à la première épouse. Il se rend au cimetière le 11 mai 1946, où fut enterrée en 1923, Anne. Malheureusement, les tombes ne comportent aucune inscription et les mémoires sont défaillantes. Il clôt l’instruction quelques jours plus tard.

René Pineau est envoyé devant la cour d’assises des Deux-Sèvres pour y répondre de l’assassinat de sa deuxième femme. Le 12 août 1946, il se présente devant les jurés et le président du tribunal, Arnaud Ménardière. L’accusé nie toujours. Les jurés se retirent. Après trente minutes de délibération, René Pineau est déclaré coupable du meurtre de sa seconde épouse avec circonstances atténuantes. Celles-ci lui sauvent sa tête. Il est condamné au bagne à vie.

(D’après Olivier Goudeau – Les grandes affaires criminelles en Deux-Sèvres de 1811 à 1939)

La tragédie du Bois Cambert

stele-du-bois-cambert A proximité de la route qui va de Loubillé à Longré, à hauteur du lieu-dit Bois Cambert, une stèle rappelle le martyr de trois jeunes gens fusillés par les nazis le 24 juillet 1944.

L’odyssée de ces trois jeunes martyrs commença dans la matinée du 24 juillet 1944 sur le territoire de la commune de Saint-Mandé, en bordure de la forêt d’Aulnay. Ils allaient rejoindre un maquis, mais, en route, ils tombèrent aux mains des  ennemis. Le convoi sillonna, Dieu sait où et combien de temps, les routes de la région.

Le soir, il traversa Loubillé à la nuit tombante. Le jeune Marcel Bodet, de Narçay, alors réfractaire au S.T.O. , l’évita de justesse mais se souvient fort bien de ces autos, vitres baissées, dans lesquelles on devinait des soldats en arme ; prêts à tirer. Le convoi stoppa au coin du Bois Cambert… Dans les temps heureux de la paix, sous le beau soleil de Messidor, on célèbre les fêtes de la moisson, mais, ce soir là, à l’orée du Bois Cambert, ce ne sont pas des épis mûrs qui vont tomber sous la faux des moissonneurs, ce sont les vies de trois jeunes garçons que fauchera la mitraille allemande.

Le lendemain matin, le jeune Louis Pain de Bois-Naudoin, alors âgé de 19 ans, arrivé prudemment sur les lieux, sera horrifié par le spectacle qu’il découvrira : trois corps étendus, criblés de balles et les coups de grâce ont défiguré les visages de ces adolescents. Louis Pain rentrera chez lui traumatisé et restera prostré jusqu’à l’arrivée de ses parents.

C’est le jeune Marcel Bodet, arrivé un peu plus tard, qui découvrira lui aussi les corps des malheureux et donnera l’alerte. Grâce à un mouchoir numéroté du collège de Chef-Boutonne, Pierre Fossé, de Mortafond, sera le premier identifié. Les deux autres, étrangers à notre région, furent identifiés beaucoup plus tard, ils s’appelaient Fernand Prévost et Pierre Audran.

Marcel Daniaud «Histoire de nos villages »

Histoire d’un logo

Les élèves qui ont fréquenté l’ancienne école s’en souviennent.

Ils ont toujours vu la pierre sculptée qui ornait le manteau de la cheminée d’une des classes.

Lorsque l’école fut fermée et transformée en logements, cette pierre fut stockée dans un hangar et presque oubliée.

Lors des importants travaux de restructuration des bâtiments communaux débutés en 2010, la pierre fut mise au jour.

comparaison Cherchant à créer un logo pour la commune, la municipalité fut très vite convaincue qu’il fallait s’inspirer de la sculpture.

Et voici comment le logo de Loubillé est né !
Dans le même temps, la municipalité a cherché à connaître l’origine de cette pierre sculptée.

Malgré de nombreuses recherches, aucune explication satisfaisante n’a été trouvée à ce jour…..

Les origines de Loubillé

Loubillé tire son nom de l’ancienne Lupilliacum ou villa lupillii.
Le village s’est développé à partir du domaine de Lupillius, un riche propriétaire terrien de l’époque gallo-romaine.

Au 10ème siècle, Loubillé est donné par le comte d’Angoulème aux moines de Charroux qui construisirent un prieuré. Les bâtiments furent démolis en 1877.
Le dernier prieur en fut M. de Saint Priest, ambassadeur de France en Turquie.

En plus de son prieuré, Loubillé a possédé l’annexe d’une commanderie de l’ordre de Malte. Sur son emplacement est bâtie l’ancienne école, transformée aujourd’hui en logements communaux.

L’église fut détruite pendant la Révolution, après avoir été vendue comme bien national pour deux mille cinq cents livres. L’église actuelle date de 1874

Loubillé, enclave de Saintonge en plein pays poitevin.

Sur une des cartes de Cassini représentant la région, Loubillé est identifiée comme étant une enclave de la Saintonge en plein pays poitevin.

Cette particularité fit dire à certains, quand le phylloxéra ravagea la Saintonge,  qu’il était presque normal que la commune de Loubillé fût la première commune viticole des Deux-Sèvres a être sinistrée par le fléau ; ce qu’elle fut en effet.

Cinquante années plus tard, Loubillé avait aussi le triste privilège d’être un des premiers foyers de France pour l’invasion du doryphore.